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22 novembre 2022  Archives des actualités

Théologie par les pieds 2

Une deuxième journée « Théologie par les pieds » à succès à Namur

Un an après un premier rendez-vous qui se voulait ponctuel en hommage à trois théologiens disparus (Jean-François Grégoire, Thierry Tilquin et Jean-Louis Undorf), le Cefoc et Entraide et Fraternité / Action Vivre Ensemble ont proposé, samedi 5 novembre au Collège Notre-Dame de la Paix à Erpent, une deuxième journée « Théologie par les pieds » nourrissante et vivifiante. Couronnée par un succès de foule qui plus est (130 personnes).

Axelle Fischer a préfacé la journée en rendant un hommage appuyé à notre collègue et ami Paul Rixen, « qui pratiquait la ‘théologie par les pieds’ au quotidien ». Mais qu’est-ce que la « théologie par les pieds » ? « Une théologie vécue comme une ouverture et un décentrement, qui atteint les lieux où vivent des femmes et des hommes dont la voix est si atténuée qu’on les nomme les ‘sans-voix’ », tente le chemin théologique proposé à cette occasion.

La journée était consacrée aux peurs autour du titre provocant « Même pas peur…. Et si les peurs ouvraient d’autres chemins ? » Guillaume Lohest, président des Équipes populaires (MOC), a présenté les résultats d’une enquête montrant qu’une écrasante majorité de citoyens nourrissaient des peurs à l’égard de trois grands sujets : le climat, l’emploi et les menaces sur la paix et la démocratie.

« La peur ne fonctionne pas, elle crée un choc mais crée surtout fuite et paralysie, alors que, à l’exemple de ce que faisait Paul, il faut accompagner cette peur par le partage, la joie, la convivialité, la bonne humeur », a témoigné notre collègue Benoît Schoemaeker avec sa casquette d’accompagnateur de projets de transition écologique. Deux autres témoignages forts aussi sous l’angle « Que faire sur le terrain ? », celui d’Emmanuelle Thiry, médecin en soins palliatifs à Namur, et de Patrick Van Laethem, directeur de l’AMO Color’Ados à Braine-l’Alleud. Tant par rapport à des malades en soins palliatifs que par rapport à des jeunes victimes de décrochage et de harcèlement, tous deux ont montré que seuls les gestes de fraternité créaient de l’espérance.

Avant et après ces témoignages, le théologien dominicain Ignace Berten a offert quelques lectures analogiques autour des peurs. Quand la vie déplace la pensée croyante (Cerf, 2021) n’est pas pour rien le titre du dernier livre d’Ignace Berten. Invité à répondre aux questions nées du travail en ateliers, il a fait le lien entre « vie » et « théologie » : « Pour Jésus, vivre le Royaume qu’il annonçait était cette expression de liberté, soucieux, ici, maintenant, concrètement, dans les petites choses, de la dignité dans une confiance radicale en Dieu, jusqu’à la limite ultime de l’incompréhension. Nous vivons aussi dans l’incertitude que nous sommes appelés à assumer et traverser : que l’on parle du climat ou du nucléaire, le pire n’est pas certain. Comment vivre dans cette perspective alarmante ? En osant croire que des rebondissements imprévus sont possibles. Pour Jésus, il y a une façon de se situer dans le présent que nous pouvons vivre avec d’autres. Je suis persuadé que c’est dans les communautés qu’on pourra trouver une façon de traverser les peurs sans sombrer dans la paralysie ou l’indifférence. La question est de savoir quelles sont les choses sur lesquelles nous avons prise et les lieux qui permettent la vie. C’est seulement comme ça que l’on pourra assumer et traverser les peurs. »

« Ce que nous avons accompli aujourd’hui, sur quelle espérance tout cela débouche-t-il quant à des prolongements possibles, non pas dans une salle comme celle-ci, mais là où nous sommes les pieds sur la terre ? Que pouvons-nous mettre en route ? Nous allons commencer par quoi ? En nous souvenant que, ce qui commence est rarement spectaculaire et visible de tous ! », s’est demandé en conclusion – et en guise de perspective d’avenir ! – le théologien Bernard Van Meenen. Celui-ci a donc proposé à l’assistance l’appropriation d’une proposition de chemin théologique, un texte en mouvement : « Il s’agit d’un travail critique, pas d’une théorie : ce sont les pratiques qui créent le ‘lieu’ théologiaue de la théologie par les pieds, une théologie qui ne se vit pas et ne se pratique pas sans d’autres. Ce qui met la théologie par les pieds en mouvement, c’est aussi une force de rassemblement : toute rencontre au cœur de l’humain ne reste pas sans lendemain. »





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