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16 septembre 2021  Archives des actualités

Interview

Sauvons notre maison commune

Créer un mouvement de transition écologique et sociale mené par les catholiques en Wallonie et à Bruxelles.

Six ans après la publication de l’encyclique Laudato si’ du pape François, et encouragée par son nouveau cadre stratégique, Entraide et Fraternité a mis sur pied le projet Sauvons notre maison commune.


« Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous. »

Pape François


Interview de Benoit Schoemaeker et d’Olivier Van der Noot, coordinateurs du projet pour Entraide et Fraternité.

Juste Terre ! : Quels sont les objectifs de ce projet ? Comment allez-vous mettre cela en place ?

Benoit Schoemaeker : L’objectif principal est de sensibiliser et d’accompagner des communautés chrétiennes, mais également des écoles, à la transition écologique et sociale promue dans l’encyclique Laudato si’. Le vrai défi est de transformer ces intuitions, ces textes en un véritable mouvement de transition catholique, écologique et sociale. Ce qui est aussi important, c’est une mise à l’action. Nous voulons accompagner ces communautés et ces écoles à franchir le pas et à mener des actions concrètes de transition écologique et sociale.

Pour cela, nous mettons à leur disposition différents outils à retrouver sur notre site maisoncommune.be. Nous avons notamment imaginé un guide École en transition et son équivalent pour les communautés chrétiennes Paroisse en transition. Ces guides devraient permettre aux écoles et aux communautés de se lancer. Lorsque l’on parle de transition, vous avez souvent des thématiques principales qui ressortent comme l’alimentation, la mobilité, les déchets, l’énergie. Avec ces guides, nous voulons montrer ce qu’il est possible de faire. Peut-on installer des panneaux photovoltaïques sur le toit d’une école ? Que peut-on concrètement faire en matière d’énergie ?, etc. Ce que l’on dit souvent avec Olivier, c’est que quand on veut se lancer dans des initiatives de transition, c’est un peu comme partir pour une longue balade. Quand vous partez pour une longue balade, vous avez besoin du matériel adéquat : votre crème solaire, de bonnes chaussures, une gourde d’eau. Si vous prenez ce matériel, c’est pour éviter qu’au premier obstacle rencontré, vous vous arrêtiez. À Entraide et Fraternité, c’est la même chose. Nous avons envie de proposer ces différents outils pour que les communautés et les écoles puissent se lancer sereinement. Nous savons que la probabilité est grande qu’elles croisent des obstacles et nous voulons donc les outiller pour qu’elles puissent les franchir.

Juste Terre ! : Vous collaborez également avec la commission Justice et Paix pour l’aspect plaidoyer. En quoi cela consiste-t-il ?

B.S. : Notre mission à Entraide et Fraternité est d’aller sur le terrain et d’accompagner les écoles et les communautés. La commission Justice et Paix s’occupe du volet plus politique. Leur but est d’aller rencontrer les décideurs et décideuses politiques et de voir avec eux et elles comment intégrer des enjeux liés à l’écologie intégrale, à la transition écologique et sociale dans des textes de loi.

Juste Terre ! : Ce projet s’appuie sur le texte du pape François. Quels liens faites-vous entre le projet au quotidien, de manière concrète, et ce texte ?

Olivier Van der Noot : Notre rapport au texte n’est pas de le laisser dans une bibliothèque, mais de le vivre. Cela fait six ans que l’encyclique a été publiée, il a fallu beaucoup de temps pour la lire, la comprendre et, maintenant, on passe au vécu de ce qui est proposé dans ce texte. Les communautés chrétiennes sont invitées à sortir de la sacristie pour vivre les défis d’aujourd’hui. Pour ce faire, nous avons créé le parcours Laudato si’, un parcours en six étapes qui a pour but d’aider les personnes qui le veulent à passer du rêve à l’action. Six étapes non pas tant pour analyser le texte de Laudato si’ que pour essayer de vivre Laudato si’ et la fraternité universelle à laquelle le pape François nous invite dans sa dernière encyclique Fratelli tutti. L’écologie intégrale n’est pas qu’une écologie strictement environnementale. C’est aussi et surtout une écologie humaine qui nous relie à tous nos frères et nos sœurs en humanité.

Juste Terre ! : On sent que c’est un travail de très longue haleine, petit pas par petit pas. N’y a-t-il pas un paradoxe et une contradiction avec l’urgence telle que l’on nous la définit chaque jour ?

B.S. : C’est très paradoxal, en effet. On entend souvent qu’il ne nous reste pas beaucoup de temps pour inverser la tendance et que le changement, c’est maintenant ou jamais. Or, le discours culpabilisant a plutôt tendance à l’immobilisme. À Entraide et Fraternité, nous pensons que la politique des petits pas peut être une solution. Finalement, quand on se lance dans ce type de projet, cela donne tellement de sens, d’énergie. C’est tellement vivifiant de changer un peu les choses autour de nous que ces petits pas vont assez vite se transformer en grands pas. Je pense qu’il y a vraiment moyen de changer les choses autour de nous, même si l’on commence vraiment petit. Ce qui amène le changement, c’est de pouvoir se projeter dans l’avenir et d’avoir également des actions très concrètes qui peuvent être mises en place, même en quelques mois. C’est cela qui motive, qui donne envie de bouger, qui donne de l’énergie aux citoyen·ne·s.

À Arlon, l’Église se met en transition

Le 9 juin dernier, Benoit et Olivier se sont rendus au doyenné d’Arlon pour animer une journée sur le thème de l’Église en transition, en lien avec le projet Sauvons notre maison commune. Une petite vingtaine de personnes était présente. Ils leur ont proposé, dans un premier temps, de revenir avec elles sur le sens d’un engagement de transition écologique et sociale au sein d’une communauté chrétienne. Pour mener à bien cette première étape, ils se sont en particulier appuyés sur les lettres encycliques Laudato si’ et Fratelli tutti ainsi que sur des témoignages sous forme de capsules vidéos.

Dans un deuxième temps, les participants ont été conviés à un exercice d’imagination. Celui-ci consistait à rêver la mise en œuvre d’une transition écologique et sociale au niveau mondial et au sein du doyenné dans 10 ans. Lors de ce temps, les personnes présentes ont également pu identifier les freins et les leviers à la mise en place de Laudato si’. Après ce travail riche en réflexion, un troisième et dernier temps a été proposé dans une perspective de mise en action. Chaque personne a été invitée à présenter au groupe deux actions concrètes à mettre en place au sein du doyenné. Il en est ressorti plus d’une trentaine de propositions d’actions concrètes. Cette journée s’est terminée par un tour de table, à l’occasion duquel chaque personne a pu résumer en un mot son ressenti du jour. Le mot le plus prononcé ? Espérance !
Doyenné d'Arlon - Église en transition

Doyenné d’Arlon - Église en transition





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