Introduction aux négociations mondiales sur le climat en 2015
Le moment de la publication de l’encyclique du Saint-Père est significatif. L’année 2015 est une année cruciale pour l’humanité. En juillet, les gouvernements se réuniront à Addis-Abeba pour la troisième conférence internationale sur le financement du développement (FDD). En septembre, l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) conviendra d’une nouvelle série d’objectifs de développement durable (ODD) ¬¬valables jusqu’en 2030. En décembre, les pays signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) négocieront un nouvel accord international sur le ralentissement et la réduction des répercussions des changements climatiques. L’an 2015 est une année où il est critique d’agir pour assurer la bonne intendance de la terre, le développement durable et l’épanouissement humain [1].
Ces trois mécanismes internationaux bénéficient tous d’une attention considérable de la part des décideurs, des médias comme de la société civile, en particulier pour les négociations sur le climat. La 21e Conférence des parties (COP21) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) aura lieu à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015. La COP21 attire autant d’attention pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’ampleur, les répercussions et les causes humaines des changements climatiques constituent un défi fondamental au retour à la normale. Deuxièmement, les dirigeants mondiaux ont largement échoué à progresser dans ce domaine. De plus en plus, parvenir à un accord mondial sur les changements climatiques est considéré comme un test du multilatéralisme, en particulier dans un monde de plus en plus polarisé. Enfin, l’objectif à Paris est de parvenir à un accord qui soit juridiquement contraignant, en contraste frappant avec les mécanismes ODD et FDD, qui sont des cadres volontaires.
Il y a déjà eu des accords juridiquement contraignants sur les changements climatiques – sous la forme du Protocole de Kyoto. Les efforts pour remplacer le Protocole ont abouti à une impasse lors des pourparlers de Copenhague en 2009. Depuis lors, les négociations climatiques se sont poursuivies chaque année avec l’objectif d’un nouvel accord à Paris en 2015. Un important travail diplomatique de base a été consacré au développement des conditions d’un nouvel accord. L’encyclique jouera un rôle central à cet égard. Les négociations à la veille de Paris ont essayé d’éviter les pièges qui, auparavant, ont sapé les négociations. Plus précisément, les pays ont été invités à soumettre leurs plans de lutte contre les changements climatiques à l’avance du sommet de Paris. Ceci, afin de permettre à chaque pays de faire sienne l’approche et d’assurer une plus grande transparence des négociations.
Comme convenu à Copenhague [2], l’accord devrait maintenir le réchauffement en dessous de 2 °C. Cependant, à Lima, la déclaration des évêques catholiques a demandé que le seuil au-delà duquel les répercussions climatiques deviendront potentiellement catastrophiques pour les plus pauvres et les plus vulnérables soit fixé à 1,5 °C [3] . En tant que communauté catholique, nous demandons la transformation systémique de la société et des économies à l’échelle mondiale vers un développement à faible empreinte carbone et socialement inclusif. Notre vision du monde est celle d’un monde qui reconnaît la nécessité de vivre en harmonie avec la création et de garantir le respect du développement humain authentique pour tous, notamment pour les personnes et les communautés les plus pauvres et les plus vulnérables. L’espoir est de : « trouver un accord mondial équitable et juridiquement contraignant qui a les besoins des plus pauvres et des plus vulnérables du monde à cœur et qui conduit à un changement transformationnel et durable. »
[1] Catholic Ecology, socially and pastorally speaking, 2015, Michael Czerny S.J. Conseil pontifical Justice et Paix (PCJP)
[2] http://unfccc.int/resource/docs/2009/cop15/fre/11a01f.
« Nous nous accordons à penser qu’une forte diminution des émissions mondiales s’avère indispensable selon les données scientifiques et comme l’a établi le quatrième rapport d’évaluation du GIEC, en vue de réduire ces émissions pour que la hausse de la température de la planète reste inférieure à 2 °C, et nous entendons prendre, pour atteindre cet objectif, des mesures cadrant avec les données scientifiques et fondées sur l’équité. »