Remettre les droits humains et l’environnement au cœur du commerce international
Alors qu’on célèbre le 16 octobre la Journée mondiale de l’alimentation, le problème de la faim continue à s’accélérer. La pandémie, la crise économique et énergétique accélérée par la guerre en Ukraine ont mis en évidence les dysfonctionnements et les limites du système alimentaire actuel. Selon la FAO, en 2021, entre 702 millions et 828 millions de personnes dans le monde souffrent la faim [1].
Des acteurs, dont certains gouvernements et des entreprises multinationales, profitent de cette situation et de la hausse des prix des aliments pour faire pression en faveur de solutions productivistes à la crise alimentaire, susceptibles d’accroître encore plus leurs profits et de mettre en péril la souveraineté alimentaire des communautés paysannes.
Il est plus que temps de contraindre les entreprises à respecter les droits humains et l’environnement. C’est justement l’ambition du projet de Traité contraignant sur les entreprises et les droits humains qui sera négocié par les États du 24 au 28 octobre au le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève.
La Belgique a un rôle actif à jouer en s’engageant pleinement dans le processus de négociation de ce traité pour au moins deux raisons. Premièrement, cet engagement figure dans l’Accord de gouvernement de la Belgique. Deuxièmement, certaines entreprises belges sont aussi directement accusées de violations de droits humains et d’accaparement de terres. C’est notamment le cas de l’entreprise SIAT qui a son siège social à Zaventem.
SIAT compte parmi les cinq plus grandes entreprises qui, à elles seules, contrôlent 75% des plantations de palmiers à huile en Afrique. Les produits à base d’huile de palme et de caoutchouc de SIAT sont vendus directement à de grandes multinationales telles qu’Unilever (UK), Nestlé (CH), Michelin (France, US) et Goodyear (US). Des communautés ivoiriennes, nigérianes et ghanéennes accusent la SIAT d’accaparement de terres, d’atteintes à leurs droits et à ceux de ses travailleurs et travailleuses, de dégradation de l’environnement et de menace à la souveraineté alimentaire des populations autochtones et des communautés locales dont la survie dépend de la terre. Ces vidéos co-produites par Entraide et Fraternité, FIAN et le CNCD-11.11.11 documentent le cas d’accaparement de terres en Côte d’Ivoire où en 2014 l’État a mis 11.000 ha de terres à disposition de l’entreprise belge SIAT pour produire des produits à base d’hévéa destinés aux marchés internationaux. Les communautés locales s’opposent à ce projet industriel mais leur contestation est violemment réprimée, faisant plusieurs morts, des dizaines de blessés et de prisonniers. Aujourd’hui, elles demandent justice et la rétrocession de leurs terres. Entraide et Fraternité soutient ces communautés dans leur demande de justice.
[1] FAO, IFAD, UNICEF, WFP and WHO. 2022. The State of Food Security and Nutrition in the World 2022. Repurposing food and agricultural policies to make healthy diets more affordable. Rome, FAO. https://doi.org/10.4060/cc0639en