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17 décembre 2018  Archives des actualités

Des chèvres et des vaches qui solidarisent les communautés

Le programme Droit à l’alimentation 2017-2021 à Haïti touche, directement ou indirectement, via cinq organisations locales (PAPDA, ICKL, SAKS, SOFA et Tèt Kolé), 6 155 familles vulnérables autour du renforcement du développement rural, du droit à l’alimentation et de la lutte contre les effets du changement climatique par des actions d’économie solidaire et des appuis à la production-commercialisation de leurs récoltes.

JPEG Tèt Kolé (Tèt Kolé Ti Peyizan Ayisyen) a priorisé l’élevage caprin et achète des dizaines de chèvres pour les distribuer dans les communes de Marmelade et de Ouanaminthe selon le principe du « Pase Kado » (« crédit-chèvre » en créole). En résumé, il s’agit de prêter une chèvre aux familles, qui utilisent le lait et le fumier qu’elle produit, jusqu’à l’arrivée de sa progéniture avant de la céder à une autre famille.
JPEG La production des chèvres permet d’augmenter le capital familial et d’améliorer le cadre de vie des familles. « Les paysans sont tellement contents qu’ils veulent nous montrer toutes les chèvres du programme à chaque visite », sourit Jean-François Dontaine, chargé de partenariats à Haïti pour Entraide et Fraternité.
Le financement d’un élevage bovin à Petit-Goave est réalisé par ICKL (Institut culturel Karl Lévêque). L’association doit faire l’acquisition de 38 vaches et 2 taureaux.
40 membres des organisations de base issus de 40 ménages différents (dont 16 femmes chefs de ménage) en seront les bénéficiaires.

Haïti, l’espoir est un éternel recommencement

Tremblement de terre, manifestations sociales liées à la corruption du monde politique… L’actualité haïtienne est un éternel recommencement. Vous pensez au gigantesque séisme qui a fait 200.000 morts en 2010 ?
Certes, mais, en octobre dernier, un nouveau séisme de 5,9 de magnitude a fait une vingtaine de morts à Haïti. Vous pensez aux grandes manifestations contre le gouvernement et le président Moïse qui se sont déroulées au printemps à Port-au-Prince et ailleurs ? Certes, mais cet automne a également vu les Haïtiens se mobiliser (9 morts dans des manifestations le 18 novembre) contre leur président dans le cadre d’un énorme scandale de corruption, le scandale PetroCaribe.

Dans le pays le plus pauvre et le plus inégalitaire du continent américain (avec environ 70% de la population vivant sous le seuil de pauvreté), ce sont surtout les paysans haïtiens vivant dans les zones les plus reculées du pays (avec un accès difficile aux services sociaux de base,
sanitaires, scolaires…) qui sont les plus vulnérables face aux catastrophes naturelles et autres effets du changement climatique.

Mais « résignation » et « découragement » ne sont pas des mots haïtiens. Si le quotidien des Haïtiens peut sembler relever de l’éternel recommencement, il faut aussi le voir positivement comme un éternel espoir et une éternelle démonstration de leur résilience face aux difficultés. Avec, à la clé, la recherche de nouveaux modèles économiques alternatifs, sociaux et solidaires. On pourrait presque appeler cela le miracle de la résilience…

La transformation des produits de la terre, épicentre de l’économie sociale

Elles s’appellent manba ou cassaves : ces spécialités locales de Haïti reposent sur la transformation des fruits et autres plantes comme le manioc. La relance à échelle locale de ces activités permet à la fois aux petits paysans de manger et de se lancer dans le petit entrepreneuriat.

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Les « konfiti » génèrent des revenus supplémentaires aux familles

Fondé en 1989, ICKL (Institut Culturel Karl Levêque)
renforce les groupes de base et les petits paysans dans leur lutte pour la justice, à travers l’éducation populaire et l’appui économique (achat d’animaux, renforcement d’entreprises solidaires, etc). Avec comme objectif la souveraineté alimentaire, Entraide et Fraternité soutient notamment le projet qu’est en train de développer ICKL dans le domaine de la transformation des produits agricoles. Ananas, mangues ou fruits exotiques : les « konfiti » comme on dit en créole haïtien (ou confitures) ne manquent pas de goût.

Manba et cassaves

Mais il existe, à côté des confitures, des liqueurs et des jus de fruits, deux résultats de transformation de fruits plus spécifiques à ce pays : le manba et la cassave. Le manba, c’est le beurre d’arachide typique de Haïti. Pour le fabriquer, les arachides sont grillées dans de grandes casseroles, puis leur peau rouge est enlevée en les frottant à la main. Elles sont ensuite passées plusieurs fois au moulin jusqu’à être réduites en pâte. Ce beurre de cacahuètes made in Haïti est souvent préparé avec du sucre de canne biologique, du sel, de la cannelle et des piments forts. Sur place, il est aussi utilisé comme complément alimentaire pour les enfants souffrant de malnutrition.

La production de cassaves répond aux besoins alimentaires des populations rurales en leur permettant d’acquérir une certaine autonomie. Cependant, les jeunes ne voulaient plus faire de cassaves, car le travail de transformation traditionnelle du manioc est lourd et peu rentable.
Le processus est long et implique une série d’opérations physiques extrêmement pénibles, telles que le râpage, le pressage, la cuisson. Depuis quelques années se développent, partout dans le pays, des cassaveries collectives qui permettent non seulement aux familles paysannes pauvres d’avoir à manger mais aussi de se rassembler en petits groupements d’entrepreneurs locaux.

La cassave est une galete à base de farine de manioc.
Cete galete sert « d’assiete comestble ». La cassave est consommée comme du pain pour tartner ou pour éponger une sauce ou une soupe. Elle peut donc faire penser aux crêpes, d’autant qu’on peut les manger salées ou sucrées, avec de l’avocat ou de la coco. Le rôle des cassaveries est aussi essentel pour la populaton rurale que la producton de pain, de pâtes, de riz ailleurs dans le monde. En Haït, aucune plante panifable n’est cultvée. Mais le manioc est une plante facile, peu exigeante. Elle donne un bon rendement, peut rester en terre jusqu’au moment où l’on en a besoin, a peu de maladies et est appréciée par la populaton.





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