La coopération au développement belge s’engage à soutenir l’agriculture familiale. Néanmoins des décisions prises ébranlent sérieusement ces objectifs.
Dans sa note stratégique consacrée au secteur de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, la coopération au développement belge s’engage à soutenir l’agriculture familiale « afin de contribuer à la sécurité alimentaire de la population dans nos pays partenaireset à une croissance économique durable créatrice d’emplois dignes ». « A cet égard, la Belgique s’engage à soutenir le passage d’une agriculture autosuffisante à une agriculture familiale humaine, professionnelle et économiquement rentable, dans le respect des principes du droit à l’alimentation et à l’égalité des genres ». [1] Néanmoins, la Coalition contre la Faim constate que des décisions prises dans d’autres domaines de compétences ébranlent sérieusement ces objectifs et réduisent à néant les efforts consentis en matière de coopération au développement.
Deux exemples permettent de l’expliciter :
« Les paysans sénégalais et leurs organisations tentent d’améliorer aussi bien la qualité que la quantité de leurs produits. Ils bénéficient à cette fin de l’aide des acteurs de la coopération au développement belge.
Par ailleurs, l’Union européenne, dont la Belgique est un membre éminent, entend conclure des accords de libre-échange avec notre gouvernement, ce qui expose encore davantage nos marchés à des prix d’impor tation européens bon marché. Les Accords de Partenariat Economique (APE) menacent nos efforts de développement d’une agriculture familiale qui répond à nos besoins alimentaires, garantit nos revenus et est en concordance avec notre culture. Pourquoi l’Europe refuse-t-elle que les pays africains protègent leur agriculture comme elle l’a fait durant des décennies pour développer son agriculture ? »
(Kalidou Ba, Secrétaire-Général de l’EGAB (Association d’éleveurs sénégalais) et membre de la FONGS (Fédération des organisations paysannes sénégalaises)
« Le 28 septembre 2012,le conseil des Droits de l’Homme des NU a adopté une résolution “en vue de promouvoir les droits de l’homme des paysans et autres personnes qui vivent dans un environnement
rural ». [2] La résolution sert de base à la création d’un groupe de travail chargé d’élaborer une Déclaration des droits des paysans. La Déclaration doit fournir une réponse claire aux origines de la discrimination et de la marginalisation des paysans causées par les expropriations, les expulsions forcées, la discrimination des genres, la néfaste réforme agricole, la crimina lisation et la répression des mouvements paysans et l’absence d’une protection sociale minimale pour les travailleurs agricoles. La Belgique et une série d’autre pays européens et les Etats-Unis ont voté contre cette proposition. »(Communiqué de presse d’ong belges, 28-09-2012) [3]
La ‘politique cohérente du développement’ signifie que les efforts consentis en matière de coopération au développement ne sont pas réduits à néant par des décisions prises à d’autres niveaux internationaux de compétences.‘La politique cohérente du développement’ va au-delà d’une simple reconnaissance de la coopération au développement en tant qu’instrument au service d’autres domaines de compétences, comme le commerce, la défense ou la diplomatie. Une politique cohérente du développement exige une concertation systématique entre les différents départements au sein du gouvernement, créant une réelle synergie qui concrétise l’engagement international et les obligations en matière de développement et de droits de l’homme (notamment, le droit à l’alimentation).
Un mécanisme efficace, qui veille à une concordance entre les décisions ayant un impact international et les objectifs de développement, se fonde sur 3 piliers [4] :
Concrètement, cela signifie :
Contact :
Jan Van de Poel jan.vandepoel@11.be 02 536 11 95
Nathalie Janne nathalie.janne@cncd.be 02 250 12 64
[1] Note stratégique pour le secteur de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, http://diplomatie.belgium.be/nl/binaries/strategienota_landbouw_voedselzekerheid_tcm314‐126256.pdf
[3] http://www.fian.be/infotheque/communiques‐de‐presse/article/la‐belgique‐se‐prononce‐contre‐les?lang=fr
[4] La littérature spécialisée, tant au plan international (OCDE) que dans les Etats membres, confirme ces piliers. Pour de plus amples informations, de même que pour obtenir les principaux documents de travail, consultez les sites internet des deux organisations de coordinationdes ong : www.11.be/beleidscoherentie (NL) et http://www.cncd.be/+-Seminaires-conferences-+ (FR)