logo Entraide et Fraternité
6 juin 2017  Archives des actualités

Pérou

Réveiller les rêves pour transformer les vies !

Les droits de l’enfant prennent en considération le caractère vulnérable de l’enfant et impliquent la nécessité de lui apporter un cadre protecteur, par exemple contre l’exploitation par le travail.

Hélas, au Pérou, comme dans de nombreux pays du sud, la maltraitance des plus faibles est le reflet de la dureté d’une société, imposée par le paradigme dominant. Le rêve de Kallpa, notre partenaire dans ce pays : impliquer les communautés entières dans le bien-être des enfants, afin de mettre en place ce cadre protecteur qui fait tellement défaut.

JPEG - 953 ko
Les enfants de San Juan dans leur quartier

Jonathan, Ruth et Amilcar sont trois adorables bambins aux yeux pétillants et à la peau chocolat crème. Leurs journées, quand ils ne vont pas à l’école, ils les passent à écumer les versants vertigineux et poussiéreux du quartier San Juan de Lurigancho, dans la grande périphérie de Lima.

Avec l’exode rural, ce sont des milliers de paysans qui, en une douzaine d’années, sont venus s’installer ici, en quête d’une vie meilleure. Ils y ont fondé des communautés qui progressivement ont pris possession des montagnes.

Dans ce paysage rude et désertique, la vie est loin d’être un long fleuve tranquille : le traitement des titres de propriété que les habitants réclament aux autorités est très long. Et en attendant, il n’y a pas de réseau de distribution d’eau, ni d’égouts. Pas non plus de services de santé, d’éducation ou d’alimentation.

Les parents se démènent comme ils le peuvent pour joindre les deux bouts et, pendant ce temps, dans le dédale des escaliers et des ruelles sombres, on croise nos trois petits amis en compagnie d’une nuée d’autres enfants, en majorité de moins de 5 ans.

C’est que les enfants sont particulièrement nombreux ici. Et aussi particulièrement exposés à tous les dangers de la vie dans ces bidonvilles surpeuplés : exploitation, violences, accidents, malnutrition, maladies… Les mômes de San Juan de Lurigancho sont souvent de petits « oiseaux pour le chat »…

L’association Kallpa, partenaire d’Entraide et Fraternité, a fait de l’amélioration du bien-être de ces enfants sa toute première priorité. En Quechua, la principale langue indienne du Pérou, Kallpa signifie la force. Et de la force pour affronter la vie, Jonathan, Ruth et Amilcar en ont bien besoin.

Devant la caméra de l’association, ils se prêtent au jeu : les éducateurs de Kallpa ont décidé de leur donner la parole. Plutôt que de venir plaquer des « programmes de développement préfabriqués », ils veulent tout d’abord écouter ce que les enfants ont à leur dire.

JPEG - 922.3 ko
Des mômes trop souvent livrés à eux-mêmes

« Quels sont vos besoins et vos envies ? », leur demandent-ils. Là où on s’attendrait peut-être à une liste de cadeaux à transmettre au père Noël, les bout’chous de Lima sont d’une touchante simplicité : « Je voudrais que mon papa et ma maman jouent avec moi », glisse tristement Jonathan. « Et qu’ils m’embrassent », ajoute Amilcar. « Besos, besos », renchérit la toute petite Ruth…

La tendresse, l’affection, l’amour… n’est-ce pas là le tout premier besoin des enfants du monde entier ? Pour Kallpa, c’est une évidence : les toutes premières années de vie sont déterminantes pour la vie future des enfants. C’est durant cette période que se construisent en eux les bases identitaires et affectives. Et ceux qui vivent dans la pauvreté ou qui ont d’autres handicaps sociaux sont exposés à de multiples risques.

C’est pourquoi Kallpa développe des programmes de soins complets pour la petite enfance, afin de favoriser la protection, la santé, la nutrition et l’éducation de qualité dans ces communautés urbaines extrêmement défavorisées.

Pour Kallpa, le bonheur des enfants passe, en effet, par ces quatre facteurs. Pour atteindre ces objectifs, la « recette magique » de l’association péruvienne, c’est de mettre toute la communauté dans le coup. En effet, dans une société où les familles sont soumises à la dure loi de la survie, c’est au niveau collectif que se trouve le potentiel pour défier le sort réservé aux enfants pauvres, pour améliorer leur résilience et favoriser leur développement.

Renforcer les organisations communautaires, dans un but d’aider les enfants, voilà un peu le leitmotiv de Kallpa. Un fil rouge sans doute mieux illustré par le slogan de l’association : « réveiller les rêves, pour transformer les vies ! »

Dans le district de San Juan de Lurigancho, Kallpa travaille donc à soutenir les organisations communautaires. Par exemple, en développant avec les habitants des projets participatifs de sécurité alimentaire. Une manière efficace d’améliorer la nutrition des enfants.

Vis-à-vis des familles, Kallpa propose une démarche en cinq étapes :

  1. négocier un accord de soutien de la part de la communauté pour prendre soin des enfants dans leurs premières années de vie,
  2. repérer les familles avec des enfants de moins de 5 ans,
  3. diagnostiquer les cas difficiles,
  4. visiter les familles dans leurs maisons afin de renforcer les pratiques saines dans la nutrition, la santé, l’éducation, l’hygiène, la protection, l’affection…,
  5. proposer des ateliers de formation et d’information à destination des parents.
JPEG - 895.3 ko
Des mamans très impliquées

Comme de bien entendu, les mamans sont particulièrement sollicitées et impliquées dans ces multiples initiatives. Ainsi, on les retrouve nombreuses parmi les membres des différents comités mis en place et dans les actions de promotion de la santé, notamment dans les diverses campagnes préventives.

Devant la caméra de Kallpa, nos trois petits lascars de San Juan se lâchent et se mettent à rêver tout haut : « Je voudrais tant un terrain pour jouer au football dans le quartier. Ma maison est toute petite, on dort tous serrés dans la cuisine. Je voudrais une maison plus grande, plus propre et puis aussi peinte. A l’école, le maître nous bat avec un bâton et nous tire les oreilles, je voudrais une école où on peut mieux apprendre et puis aussi avec des jeux et des toilettes propres ». « Ce sont nos rêves , susurre la petite Ruth, que vas-tu faire pour nous aider à les réaliser ? »… Une question qui, par-delà les océans, ne manquera pas de nous remuer…





Retrouvez-nous sur : facebook twitter instagram youtube flickr