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17 février 2016  Archives des actualités

La voix des paysans du Sud entendue à la Chambre des représentants

Le 16 février, Mgr Philippe Ranaivomanana, évêque d’Antsirabe à Madagascar, s’est exprimé devant la Chambre des representants sur le respect des droits humains et de l’environnement par les entreprises multinationales.

Le 16 février, Mgr Philippe Ranaivomanana, évêque d’Antsirabe à Madagascar, était invité par la Commission des Affaires Étrangères de la Chambre des représentants. Il a pu s’exprimer sur l’importance de faire respecter les droits humains et l’environnement par les entreprises multinationales.

Entouré par d’autres intervenants de haut vol tel que Raymond Torres (Organisation Internationale du Travail) ou Gaëlle Dusepulchre (Fédération Internationale des droits de l’Homme), Mgr Ranaivomanana a eu à cœur de ramener le débat sur terre, loin des considérations techniques et théoriques. C’est ainsi qu’il a rappelé qu’une entreprise qui ne respecte pas les droits humains est une entreprise qui fait souffrir des êtres humains.

Son intervention au sujet des accaparements de terres par des entreprises minières à Madagascar a donné un coup de projecteur sur la situation désastreuse des paysans déplacés et déracinés de leurs terres ancestrales ainsi que du risque environnemental que représentent ces entreprises.

Finalement, Mgr Ranaivomanana a demandé aux députés belges de défendre les plus faibles là où ils le peuvent, notamment en participant activement au Conseil international des droits de l’Homme où un traité contraignant sur le respect des droits humains par les entreprises est en cours de négociation.

C’est en tant que membre du projet Taratra que Mgr Ranaivomanana a pris la parole au parlement ce mardi 16. Cette initiative issue de la conférence épiscopale de Madagascar a pour objectifs de contrôler l’action des entreprises minières sur le territoire et de mener un plaidoyer pour s’assurer que les droits des paysans soient respectés.

En effet, comme l’a souligné l’évêque d’Antsirabe, Madagascar est un pays aux ressources naturelles abondantes qui attirent la convoitise et la voracité des entreprises multinationales, notamment les entreprises minières. Et le gouvernement malgache, à court d’argent, a tendance à accepter toutes les conditions de ces multinationales. C’est ainsi que dans la région de Tamatave (la troisième plus grande ville du pays), une entreprise chinoise s’est installée pour extraire du cobalt, avec l’aide, notamment, de la Banque Européenne d’Investissement. Ce projet minier appelé Ambatovy a entraîné l’expulsion des paysans qui sont à présent entassés dans des camps, déracinés de la terre de leurs ancêtres.

Preuve, pour Mgr Ranaivomanana « qu’il n’est jamais bénéfique qu’une entreprise ne respecte pas les droits de l’Homme ainsi que les droits environnementaux ».

Or, les députés belges ont le pouvoir d’agir sur cette question en favorisant l’émergence d’un traité international obligeant les entreprises multinationales à respecter les droits humains. Ce traité en cours de négociation à Genève est pour l’heure rejeté par le gouvernement de Charles Michel. C’est dans le but d’inverser cette position que la Commission Justice et Paix et Entraide et Fraternité mènent un plaidoyer de concert auprès des autorités belges. Grâce à l’intervention de Mgr Ranaivomanana au parlement fédéral, les députés savent maintenant qu’il ne s’agit pas seulement d’un traité technique et peu intéressant mais bien du destin des « plus petits » et de la défense de leurs droits fondamentaux face à la voracité des multinationales.

Lire le plaidoyer commun Commission Justice et Paix/Entraide et Fraternité - Business and Human Rights - 2015.pdf





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