Des écoles s’engagent dans l’éducation citoyenne mondiale et solidaire
Le Collège Saint-Pierre de Jette fait partie de ces grandes écoles secondaires qui font « référence » en région bruxelloise. Dynamique et démultipliant les activités et les projets pédagogiques en tous genres, l’école a cependant toujours gardé au centre de ses préoccupations des initiatives à véritable caractère social et solidaire. Adepte d’une réelle mixité, le collège collabore avec Entraide et Fraternité depuis de nombreuses années. Ainsi, l’école soutient fidèlement nos partenaires burundais dans la réalisation de puits dans la province de Bujumbura rural.
L’Abbé André Boribon, professeur de religion catholique, nous en parle.
Juste Terre ! : Quelle est la place du mot solidarité dans votre école ?
André Boribon : Je dirais que ce n’est pas juste un slogan vendeur ! Face aux défis du monde d’aujourd’hui, nous essayons d’intégrer ce concept au cœur du projet pédagogique. Nous sommes en première ligne pour constater combien la société se fragmente aujourd’hui. On parle en « eux » et « nous », on divise, on oppose... Si l’école ne fait pas barrage à ce mouvement, qui le fera ? Et qui construira le vivre-ensemble de demain ? Nous tentons donc modestement de faire notre part. Ainsi, par exemple, en début d’année scolaire, toutes les classes de l’école sont amenées à se lancer un défi solidaire : chanson, danse, jeu coopératif, poésie sur ce thème, tout le monde s’y met. Les réalisations sont filmées et postées sur Youtube, ce qui provoque une certaine émulation, chaque classe voulant prouver qu’elle s’engage de la façon la plus concrète et la plus originale.
Juste Terre ! : À quand remonte votre soutien au Burundi et comment l’exprimez-vous ?
André Boribon : Il y a déjà six ans, nous avons été sensibilisés par des animateurs d’Entraide et Fraternité à la situation dramatique des paysans du Burundi, en particulier les populations de la province de Bujumbura rural, fortement impactées par la guerre civile. Le projet d’aménagement de puits pour ces gens nous a paru particulièrement pertinent. Il avait aussi pour avantage d’être facilement « lisible » par les élèves, car il est très concret. Nous avons donc décidé de participer à l’opération « collation solidaire ».
Juste Terre ! : Comment cela se déroule-t-il ?
André Boribon : Nous essayons de mener l’action en deux temps : d’abord, une séance d’information sur les réalités du Burundi et du projet avec un animateur d’Entraide et Fraternité ; ensuite, l’action proprement dite. Cette année, deux classes y ont participé. Le temps de la récréation, la classe de 3e s’est établie dans la cour et a disposé une longue table remplie de boissons et de gâteaux en tous genres ; la classe de 6e s’est installée à l’étage, visant ainsi les autres élèves de ce niveau. Les élèves ayant déployé leurs talents de pâtissiers, ils ont invité leurs camarades à déguster leurs viennoiseries faites maison au prix d’un euro.
Au final, 1000 € ont ainsi été récoltés en une quinzaine de minutes, tout en touchant et sensibilisant de façon conviviale l’ensemble des élèves. Le ressenti des élèves « post-action » est révélateur de l’ambiance et du sentiment de solidarité qu’ils ont partagé le temps d’une récréation. De fait, une fois l’action terminée, ils étaient nombreux à fouiller dans leur portefeuille à la recherche de quelques pièces dorées pour atteindre un « chiffre rond ».
Il est intéressant et motivant de voir ces adolescents enthousiastes à l’idée de récolter de l’argent pour une réalité finalement bien éloignée de la leur.
Juste Terre ! : Actuellement, certaines de vos classes réalisent un Chemin de croix pour le Carême de partage. Pouvez-vous nous en dire plus ?
André Boribon : L’idée de départ est une envie de revisiter cette bonne vieille tradition catholique du Chemin de croix, de le dépoussiérer, de l’ancrer pleinement dans le temps d’aujourd’hui et ainsi de contribuer à le faire redécouvrir par des jeunes, dont beaucoup ignoraient même jusqu’il y a peu ce qu’était un Chemin de croix. Chaque station du Chemin de croix est donc revisitée au présent.
La souffrance du Christ est mise en parallèle avec une situation d’injustice présente dans notre monde, dans les pays du nord ou dans les pays du sud. Pour ne pas rester dans un état de tristesse ou de révolte, une proposition d’action concrète et solidaire est également donnée. Le but, c’est de montrer que l’espérance est au bout du chemin.
Ce Chemin de croix, c’est donc avant tout une réflexion de jeunes pour les jeunes sur le thème des injustices d’aujourd’hui. Cet outil vise modestement à faire le lien entre la foi et l’engagement solidaire.
Nous nous réjouissons de l’utiliser durant le Carême de partage, d’autant plus qu’en 2018, nous aurons la joie d’accueillir dans notre école un évêque du Burundi, témoin invité par Entraide et Fraternité. L’occasion pour nos jeunes de confronter leur vision de la solidarité avec les attentes des peuples du sud.
Qui a dit que les jeunes n’étaient plus motivés ?